Rassemblement ce vendredi 24 février à 10h30, aux 24 colonnes où sera rejugée l’affaire Vincenzo Vecchi, menacé d’extradition par la France vers l’Italie pour avoir participé au contre-sommet à Gênes en 2001.
« J’ai manifesté avec des moyens que j’estimais légitimes, et j’ai fui ma condamnation car je la savais injuste. »
Vincenzo Vecchi
Le 13 juillet 2012, Vincenzo Vecchi a été condamné en Italie à douze ans et demi de prison pour sa participation aux manifestations du contre-sommet du G8 à Gênes en 2001. Exilé et arrêté en France à l’été 2019, l’Italie demande depuis au gouvernement français son extradition. Les deux mandats d’arrêt européens émis à son encontre par l’Italie ont été déclarés inapplicables par deux cours d’appel (Rennes puis Angers) avant que le procureur ne se pourvoie en cassation.
La Cour de cassation a demandé à la Cour de justice de l’Union Européenne de se prononcer sur la question : cette dernière a jugé que la France était tenue d’exécuter le mandat d’arrêt, quand bien même le délit de « saccage et dévastation » italien n’a pas d’équivalent en France. Vincenzo doit donc repasser devant la Cour d’appel de Lyon ce vendredi 24 février.
Comment comprendre un tel acharnement répressif pour des manifestations vieilles de deux décennies ? L’épée de Damoclès qui plane au dessus de la tête de Vincenzo est liée au mouvement de répression des manifestations contre le sommet du G8 de Gênes de 2001. Ce sommet réunissait à l’époque le gratin des représentants du monde occidental (Blair, Bush, Poutine, Berlusconi et consorts). La répression a été directe, sur le moment, avec la mort de Carlo Giuliani, abattu d’une balle en pleine tête par un carabinier, plus de 600 blessé·es du côté manifestant, et plusieurs dizaines de cas de séquestration, avec tortures et viols suite à l’assaut policier contre l’école Diaz. Amnesty International qualifiait alors l’action de la police de « plus grande violation des droits humains et démocratiques dans un pays occidental depuis la seconde guerre mondiale ». Puis l’acharnement répressif a continué dans le temps, avec son lot de discours de dissociation (de journalistes, d’organisations politiques, associatives…), d’enquêtes et de procès. Dix ans plus tard, sur les centaines de milliers de manifestant·es qui ont participé à ces journées, vingt-cinq sont accusé·es de « saccage et dévastation » et « concours moral ». Ils et elles ont écopé de peines de six à quinze ans de prison. Parmi eux, Vincenzo qui avait choisi à l’époque de fuir l’Italie.
