01.07.2022
Depuis le 24 février, nous avons souvent débattu, entre nous et avec des camarades de divers pays, de la situation en Europe. Qu’est-ce qui a déclenché la guerre ? Comment a-t-elle changé les perspectives politiques dans la région et, notamment, celles de la Biélorussie ? Que pensons-nous de l’OTAN ? Est-il possible, tout en restant anarchistes, de s’engager dans les forces armées de l’État ? Enfin, que devons-nous faire dans le contexte de la guerre, en tant que diaspora en Pologne ? Nous avons élaboré une position collective sur ces questions, qui sont exposées dans le texte suivant.
Point de vue général sur la situation
Nous pensons que c’est une erreur de parler du conflit comme d’une guerre par procuration entre la Russie et l’OTAN. A ce stade, c’est la guerre du peuple ukrainien contre l’invasion de la Russie. Cette vision est étayée par deux arguments :
1) L’idée d’une guerre par procuration implique que l’État ukrainien et le peuple ukrainien ne soient que des « marionnettes de l’Occident ». En réalité, l’Ukraine a son propre gouvernement. Sans compter que nous, en tant qu’anarchistes, nous efforçons toujours de veiller à la volonté des faibles et des opprimés, cette administration a fait ses preuves. Aujourd’hui, nous savons qu’au tout début de la guerre, les dirigeants politiques occidentaux étaient convaincus du succès imminent de la Russie. Par conséquent, par exemple, il n’y avait pas de solides fournitures d’armes et Biden avait proposé l’évacuation de Zelensky. « Le Grand du Monde » avait tout décidé à l’avance, mais la volonté du peuple ukrainien a brisé ses plans.
2) La participation active de la population est la seconde composante du concept de « guerre populaire ». Du côté de la Russie, c’est une armée professionnelle qui se bat avec le soutien passif de la majorité de la population. Côté ukrainien, toute la société a fait bloc et participe activement à la résistance. C’est ce que confirment de nombreuses études ainsi que les faits depuis l’augmentation des dons jusqu’aux fonds envoyés pour les besoins des militaires et aux longues files d’attente des volontaires pour rejoindre en masse la milice. En outre, cette cohésion sociale n’est pas le résultat de la propagande militaire mais une réponse naturelle à une invasion armée, le souhait de protéger sa vie et sa sécurité physique, ainsi que les libertés politiques obtenues dans les luttes précédentes. C’est donc le peuple ukrainien qui dicte sa position aux autorités plutôt que l’inverse.
Sur les causes de la guerre
Le Kremlin nous vend l’agression comme un combat contre le nazisme ukrainien mais ce n’est qu’un écran de fumée idéologique. La domination de l’extrême droite en Ukraine est largement exagérée. Elle avait été prépondérante dans les rues et était représentée dans certains organes de l’État mais ce sont forces démocratiques libérales qui ont exercé une influence écrasante dans toutes les institutions de l’État, dans les médias et dans l’opinion publique
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