[Communiqué FA] Stop aux crimes d’État en Iran

12-01-2023

Le régime de la République islamique a choisi comme à l’accoutumée de réprimer dans le sang le mouvement sans précédent de « Femme – Vie – Liberté » qui a débuté après l’assassinat de Mahsa Amini en Iran le 16 septembre.

L’estimation d’une organisation de défense des droits de l’homme est de 520 morts dans les protestations de rue dont 70 personnes de moins de 18 ans, chiffres provisoires du 12 janvier.

Les différentes forces de répression ont arrêté plus de 19 000 protestataires, soit dans la rue soit chez elles et eux. Plusieurs prisonniers politiques ont perdu la vie sous d’atroces tortures. Le pouvoir judiciaire n’a pas chômé non plus et a organisé des procès complètement inéquitables et sommaires. Il y a eu déjà quatre exécutions par pendaison : Mohsen Shekari, 23 ans le 8 décembre, Majidreza Rahnavard, 23 ans le 12 décembre, Mohammad Mehdi Karami 22 ans et Mohammad Hosseini 22 ans le 7 janvier.
À l’aube du 9 janvier deux autres exécutions étaient programmées contre Mohammad Boroughani et Mohammad Ghobadlou. Mais, suite à l’appel de la mère de Ghobadlou, un rassemblement de nuit s’est tenu devant la prison. Le pouvoir judiciaire a annoncé que l’exécution de Boroughani n’était pas à l’ordre du jour, mais que le régime peut exécuter à tout moment Ghobadlou.
La liste de prisonniers politiques arrêtés dans le mouvement actuel en Iran et condamnés à la mort comptait 22 noms au 10 janvier.

Des député.es européen.nes ont marrainé ou parrainé des prisonniers politiques en Iran. Clémentine Autin de la NUPES était la marraine de Mehdi Karami. Ces gestes symboliques n’ont pas d’influence sur le régime sanguinaire des ayatollahs et n’arrêtent pas la tuerie.
Il faut des actions plus offensives, par exemple des manifestations devant les représentations diplomatiques du régime islamique partout dans le monde ou l’exigence de leur fermeture en expulsant les diplomates.

Amnesty International affirme que le régime des ayatollahs a exécuté en moyenne un prisonnier par jour en 2022. Il s’agit surtout d’exécution de prisonniers de droit commun, ce qui est tout autant inacceptable que celle de prisonniers politiques, d’autant plus que ces exécutions ont été appliquées en majorité dans les régions les plus pauvres.
Ainsi 26 % des exécutions en 2022 concernent le Sistan-Baloutchistan alors que les Baloutches ne constituent que 5 % de la population en Iran.

La Fédération anarchiste condamne la répression du mouvement révolutionnaire en Iran.
Elle exige l’annulation immédiate de toutes les peines de mort prononcées, aussi bien contre les prisonniers politiques que les prisonniers de droit commun.
La peine de mort est un crime d’État.
 
La Fédération anarchiste déclare sa solidarité internationaliste indéfectible aux femmes et hommes d’Iran qui luttent pour la liberté et l’égalité.
Elle salue la mémoire de toutes les femmes et tous les hommes qui sont tombé.es pour leur émancipation, dans les rues et sur les pelotons d’exécution en Iran.

Arrêt du massacre en Iran
Liberté pour toutes et tous les prisonniers politiques

Fédération anarchiste

[Comuniqué Relations Internationales FA] Assassinat de Mahsa Amini et révoltes en Iran

Mahsa Amini était une jeune femme kurde de 22 ans. Le 13 septembre, en voyage familial à Téhéran, elle a été arrêtée dans la rue et embarquée par la police des mœurs de la république islamique sous prétexte d’une mèche de cheveux dépassant de son hijab obligatoire. Deux heures après son arrestation, on a transféré Mahsa, sans connaissance, dans un hôpital de Téhéran : elle avait reçu des coups à la tête, probablement dans la voiture de police ou pendant la « réunion éducative » infligée aux femmes qui ne respectent pas strictement le code vestimentaire imposé par le régime. Elle est morte le 16 septembre après trois jours de coma. La mort de Mahsa a d’abord ébranlé sa ville natale kurde, Saghez. Ses obsèques ont donné lieu à des manifestations qui ont, les jours suivants, gagné de plus en plus de villes en Iran et se sont propagées dans le monde entier.

A l’heure où nous écrivons, des révoltes ont eu lieu dans plus de 80 villes iraniennes, y compris dans des villes très religieuses, comme Qom ou Machhad. Les femmes retirent leur hijab et brûlent leur foulard en signe de protestation. Les slogans visent tout le régime : « nous ne voulons pas la république islamique » ou « Khaménéi (le guide suprême) est un assassin, son règne est illégitime »…

Les différentes forces de police répriment sauvagement ces soulèvements populaires. Le 24 septembre au matin, des organisations de défense des droits de l’homme ont annoncé un bilan d’au moins 49 personnes tuées pendant les premiers jours de la révolte. Un chiffre qui pourrait être beaucoup plus élevé car, comme cela a été constaté durant les précédentes révoltes, les autorités falsifient les actes de décès des tués par balle et font pression sur les familles pour s’assurer de leur silence, les menaçant de ne pas leur rendre les corps de leurs proches. Malgré l’arrestation de dizaines d’étudiant.es ces derniers jours, une première manifestation a eu lieu à l’université de Téhéran ce même 24 septembre, et iels étaient encore plus nombreux.ses que les jours précédents.

La répression est terrible : gaz lacrymogènes, coups de tonfas et tirs à balles réelles. La police emploie les pires tactiques pour surprendre les manifestants, entre autres en utilisant les transport en commun et les ambulances pour se déplacer. Et la police politique est plus active que jamais : des dizaines d’étudiantes et d’étudiants ont été arrêtés lors de rassemblements organisés dans l’enceinte des universités partout dans le pays. Les arrestations pleuvent également chez les militant.es politiques qui se contentent de critiquer le régime sans même demander, comme les jeunes et la population, la chute de celui-ci. Internet et surtout Internet mobile est comme d’habitude, soit ralenti, soit coupé dans les zones où le mouvement est au plus fort. Le régime fait tout son possible pour que les gens ne puissent pas s’organiser, ni publier d’informations ou diffuser les photos et vidéos des atrocités commises à tous les coins de rue. Mais de nombreux documents échappent à cette censure : images de manifestantes et manifestants en sang ou tué.es par balles, clip qui montre des policiers poursuivant des manifestants jusqu’à la traque, fracturant les portes des maisons où les habitants leur ont offert un refuge…

Malgré cette répression, le mouvement continue d’enfler. La devise « Femme, Vie, Liberté », issue du Rojava et scandée en kurde durant les obsèques de Mahsa, est devenue le point de ralliement de toutes et tous les protestataires : reprise d’abord dans plusieurs villes kurdes d’Iran, elle s’est diffusée dans tout le pays, traduite dans les différentes langues locales (persan, turc, arabe, etc.), puis dans le monde entier lors des manifestations de soutien à l’international, où la révolte iranienne rencontre une solidarité sans précédent.

Ainsi, de nombreuses personnalités politiques et beaucoup d’anonymes ont affiché leur soutien aux mouvements des femmes en Iran. Différents collectifs de hackers ont mis hors service plusieurs sites gouvernementaux iraniens et médias. Le hashtag #Mahsa_Amini, en latin comme en persan, (#مهسا_امینی) est devenu le plus utilisé de tous les temps sur le réseau social Twitter.

La solidarité internationale est très importante.

Pour nous, anarchistes, ce soulèvement massif contre l’oppression des femmes et contre la tyrannie religieuse d’un État totalitaire est une bouffée d’air frais. C’est une révolution que nous appelons de nos vœux. La fédération anarchiste est bien évidemment solidaire de toutes et tous les insurgé.es d’Iran, et appelle chaque libertaire à soutenir la lutte des femmes et du peuple iranien.

Vive la solidarité avec la lutte en Iran ! Vive la liberté !

Fédération anarchiste, 28 septembre 2022

INTERVIEW : DES ANARCHISTES IRANIENS PARLENT DES PROTESTATIONS EN RÉPONSE À LA POLICE (Le Monde Libertaire)

Le groupe Graine d’anar à choisi de partager avec vous cet article du Monde Libertaire, nous estimons qu’il peut éclairer la situation actuelle en Iran.
Il s’agit de la traduction d’une interview publiée par Black Rose Anarchist Federation / Federación Anarquista Rosa Negra

Introduction

Le 13 septembre 2022, Mahsa Amini, 22 ans, a été arrêtée par une patrouille d’orientation iranienne (également connue sous le nom de « police de la moralité »). Mahsa a été arrêté à Téhéran pour ne pas avoir respecté les lois relatives à l’habillement. Trois jours plus tard, le 16 septembre, la police a informé la famille de Mahsa qu’elle avait « souffert d’insuffisance cardiaque » et qu’elle était tombée dans le coma pendant deux jours avant de décéder. Des témoignages oculaires, y compris celui de son propre frère, montrent clairement qu’elle a été brutalement battue lors de son arrestation. Les examens médicaux divulgués indiquent qu’elle avait subi une hémorragie cérébrale et un accident vasculaire cérébral – des blessures induites par un traumatisme qui ont finalement conduit à sa mort.
Dans les jours qui ont suivi la révélation publique de ces détails, des manifestations de masse ont éclaté à travers l’Iran pour dénoncer le meurtre de Mahsa aux mains de la police. Pour mieux comprendre cette situation en évolution rapide, nous avons mené une très brève interview avec la « Fédération de l’ère de l’anarchisme », une organisation avec des sections en Iran et en Afghanistan.

Cette interview a été réalisée entre les dates du 20/09/22 et du 23/09/22.

Black Rose / Rosa Negra (BRRN) : Tout d’abord, veuillez donner une brève description de la Fédération Anarchiste d’Era.
La Fédération de l’ère de l’anarchisme (FAE) est une fédération anarchiste locale active en Iran, en Afghanistan et au-delà. Notre fédération est basée sur la synthèse anarchiste, acceptant toutes les tendances anarchistes sauf les tendances nationalistes, religieuses, capitalistes et pacifistes. Nos nombreuses années d’expérience dans l’organisation dans des environnements extrêmement oppressifs comme l’Iran nous ont amenés à développer et à utiliser des tactiques et une philosophie organisationnelle insurrectionnelle. Nous sommes une organisation athée, considérant la religion comme une structure hiérarchique plus ancienne et durable que presque tous les autres systèmes autoritaires et beaucoup trop similaire au capitalisme et à d’autres structures sociales autoritaires asservissant l’humanité aujourd’hui. La guerre de classe, de notre point de vue, comprend la guerre contre la classe du clergé qui nous prive de notre liberté et de notre autonomie en définissant le sacré et le tabou et en les appliquant par la coercition et la violence.

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